ferrer.jpg

« Lorsque le peuple aura obtenu la culture générale à laquelle il a droit, lorsqu’il sera judicieusement conscient de sa responsabilité, et de son pouvoir – qui sera non seulement quantitatif mais aussi qualitatif- le peuple pourra imposer sa nouvelle morale scientifico-physiologique. Cette morale ne pourra pas faire moins, étant basée sur notre nature même, que d’affirmer : nous avons tous les mêmes devoirs et les mêmes droits, sans exception aucune, à un destin plus honnête, donc plus noble, et le même pour tous. »

« Journal des pensées » (1901 à 1909)

Espagne 1877 :

16 millions d’habitants 12 millions d’illettrés

Espagne 1907 : 24000 écoles défectueuses, sans lumière et sans ventilation… 50000 enfants meurent chaque année de maladies contractées à l’école. 480 000 enfants errent dans les rues.

Ecoles sans sanitaires, sans fenêtres, au sol de terre battue…Moins d’un mètre cube d’air par enfant dans ces locaux scolaires. De nombreuses écoles n’ont pas d’eau.

« Quelques écoles rurales furent fermées parce que leur unique fenêtre, la seule ouverture pratiquée sur le ciel bleu et la verdure des champs par où devait pénétrer l’air pur nécessaire aux poumons des enfants était insuffisante. Il y a des écoles qui servent de prisons de village, d’autres qui sont contiguës à l’hôpital et reçoivent l’air directement des chambres des malades. » (Extrait d’un discours prononcé par monsieur INEÑO, ministre de l’Instruction publique, en 1906).

Ces quelques remarques illustrent assez bien le climat scolaire en Espagne au début de ce siècle ; mais pour être tout à fait clair et objectif, il conviendrait de se reporter à l’histoire pour mieux comprendre l’ambiance politique de ce temps là. On ne peut, en effet, saisir l’importance de l’œuvre de FERRER si l’on ne connaît pas l’Espagne de Marie-Christine, puis celle d’Alphonse XIII, si on ignore que c’est en août 1903 que Joseph SASTRO devient le pape Pie X ; et l’on comprendra encore moins l’acharnement de ce même pouvoir politique aiguillonné par l’Eglise toute entière si l’on ne sait pas que l’Espagne, sortie d’une république, retombait dans un obscurantisme moyen-âgeux face auquel, le peuple, dans sa grande majorité, voyait disparaître tous les acquis de 1873.

Enfin, il est indispensable de lire ou de relire les démêlés de l’Espagne avec ses colonies et, notamment, l’affaire du rif marocain, pour saisir comment le gouvernement prit le prétexte de la semaine sanglante à Barcelone en juillet 1909, sous le règne d’Alphonse XIII, pour liquider FERRER.

Ces précautions étant prises, il devient possible de passer à une étude courte de l’œuvre pédagogique de FERRER, étude qui n’a d’autre but que de fixer les grandes lignes de cette véritable révolution pédagogique.

« Elever l’enfant de manière à ce qu’il se développe à l’abri des contraintes idéologiques, et aussi publier les manuels scolaires susceptibles d’aider à atteindre ce but. »

Cette pensée de FERRER met en évidence qu’il n’entendait pas dissocier ses idées politiques et pédagogiques, mettant les premières au service des secondes. Il s’agit avant tout de « parvenir à l’émancipation humaine par l’éducation, rien que par l’éducation », le véritable éducateur étant celui qui peut le mieux défendre l’enfant contre ses idées à lui, contre ses volontés, qui appelle le plus aux énergies propres de l’enfant.

FERRER ajoute que l’école ne pourra rien tant qu’elle ne sera pas libérée de la triple contrainte politique, religieuse et administrative, et qu’elle devra au contraire « remplacer les méthodes dogmatiques de la théorie par la méthode rationnelle proposée par les sciences naturelles, dans le but d’éduquer, de développer et de cultiver les aptitudes particulières de chaque écolier. »

C’est sur ces bases précises que l’Ecole moderne connaît des débuts modestes le 8 septembre 1901, avec 30 élèves (12 filles et 18 garçons).

Dès l’année suivante, le succès est grand en Espagne et dépasse largement le cadre de la péninsule. Ce succès ira grandissant jusqu’en 1906 et verra l’ouverture d’autres écoles, la parution de nombreuses publications et ouvrages. Certains, à l’évidence, ne sont pas neutres et ne pouvaient laisser l’opposition indifférente ; dès 1897, dans son traité de « l’espagnol pratique », FERRER laisse échapper volontairement un certain nombre de phrases de thème plus que percutantes : « Que disent les journaux de la situation qui a toujours été la même dans les deux pays voisins ? Ils assurent qu’il y aura la paix quand le peuple proclamera la République ! » et plus loin : « Je ne crois pas à la future guerre, non parce qu’elle n’est pas possible, mais j’ai l’espoir qu’à la fin les puissances s’entendront pour le désarmement. »(page 274) Les versions proposées sont tout aussi évocatrices : « L’esclavage est aboli. Lutte maintenant contre la monarchie pour la république, contre l’Etat pour la région, contre les privilèges pour l’égalité, contre la patrie pour l’humanité. »(page 116) « La nécessité de la religion disparaîtra le jour où les hommes seront assez raisonnables pour régler leur conduite sur cette belle devise de Lafontaine : aide-toi, le ciel t’aidera ! »(page 144) « Mais combien de siècles passeront avant que les dernières croyances aient complètement disparues de la terre… »(page 145), etc.

Ces quelques citations illustrent clairement le propos. Elles ne sont que le reflet de ce que FERRER écrivit en novembre 1900 : « Mon plan est que l’école soit primaire. J’ai naturellement les plus amples pouvoirs pour suivre ce qui me plaira davantage. Elle sera mixte de garçons et de filles. Ainsi devra être, à mon sens, l’école de l’avenir. Pendant le jour, l’école sert aux enfants ; le soir, elle sera ouverte aux adultes. Il y aura des cours de français, d’anglais, d’allemand, de sténographie et de comptabilité. En même temps, on donnera des conférences, on y trouvera un local à disposition des syndicats, où des groupements d’ouvriers, sociétés qui ne s’occuperont pas de politique, mais travailleront à obtenir leur complète émancipation. Je voudrais aussi publier un journal de l’école qui s’imprimerait dans ce local. On pourrait établir un concours en vue d’éditer des livres que nous jugerions utiles à l’école(…) Ce que j’ai l’intention de réaliser est si éloigné de ce qu’on a fait jusqu’ici que, s’il n’existe pas de méthodes acceptables, on les créera exprès. Dans cette école il ne faudra glorifier ni dieu, ni patrie, ni rien…J’ajouterai pour les imprimés, les enveloppes et autres papiers de la maison la devise suivante : Extirper du cerveau des hommes tout ce qui les divise, en le remplaçant par la fraternité et la solidarité indispensables à la liberté et au bien être pour tous. »

Ces principes, révolutionnaires au sens propre du terme, sont sans doute passés, au début, inaperçus ; on comprend mal, en effet, comment l’Eglise aurait pu les tolérer. Mais il n’est pas inutile de rappeler le passé « libertaire » de FERRER, et l’on saisit mieux alors la prudence dont il fit preuve lors de la création de l’Ecole Moderne. Il l’écrivit d’ailleurs en disant : «  Peut-être, en observant dès le début une certaine prudence, en ne faisant pas ostentatoirement de théories qui auraient soulevé contre nous l’opinion bourgeoise et auraient rendu irréalisable notre entreprise, avons-nous réussi à ne pas attirer l’attention. Peut-être le devons-nous aussi à la négligence de l’administration espagnole qui n’a pas daigné s’informer du véritable objet de notre enseignement ou ne l’a pas cru dangereux. »

Et il a fallu en effet une certaine dose de négligence de l’administration espagnole car les bases de l’Ecole Moderne remettaient en question la société hiérarchisée de l’Espagne du début de ce siècle.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’école est payante. Certes, le manque de subventions devait se faire sentir ; mais au-delà, FERRER considère que chacun, en fonction de ses moyens, doit participer à l’éducation. Cette idée favorise le brassage des couches sociales en mettant sur le même pied d’égalité riches et pauvres. Comme nous l’avons déjà dit, ce brassage s’étend aux sexes, filles et garçons sont élevés ensemble, bravant ainsi les tabous de la société de l’époque.

L’école est laïque, non seulement au sens où la religion en est bannie, mais plus encore dans celui où elle s’appuie sur la raison et sur la science. « Ni dogmes, ni systèmes, ces moules qui réduisent la vitalité des esprits à la mesure des exigences d’une société transitoire qui vise à être définitive. »

Comme il l’avait annoncé, l’école sera dotée d’une bibliothèque, d’une imprimerie, d’une maison d’édition, d’œuvres para-scolaires qui sont autant de moyens, sous le couvert de la pédagogie, d’être un foyer de remise en cause de tout le système de la société espagnole.

L’analyse de son livre, « La escuela moderna », publié à titre posthume, et en ne reprenant que les têtes de chapitres, nous donne clairement le schéma de l’organisation de l’Ecole Moderne. Nous en ferons ici un bref compte rendu.

Dès le début de l’ouvrage, FERRER se dit convaincu que l’enfant naît sans idées préconçues et que par conséquent l’adulte se doit de le prévenir que d’éviter les erreurs est indispensable et que, pour ce faire, il faut qu’il ne croit en rien par la simple foi, mais qu’il doit passer par l’expérience et par la raison. Alors, il sera un véritable observateur et sera préparé à toutes les formes d’études possibles, devenant ainsi une personne instruite, authentique, juste et libre de tout préjugé.

Le Maître se doit de favoriser et de diriger les aptitudes propres à chaque enfant, de telle façon qu’il devienne non seulement un membre utile à la société mais aussi qu’il soit en mesure d’élever la collectivité. Cet enseignement repose, pour FERRER, sur la devise : « Il n’y a pas de droits sans devoirs ». Il précisera plus loin que le programme de l’Ecole Moderne vise à préparer à une humanité fraternelle, sans catégories de sexes ni de classes.

A ces principes nouveaux s’ajoutera un autre particulièrement novateur pour l’époque. Il s’agit de la participation active des parents d’élèves.

Mais, surtout, surtout, FERRER insiste sur le fait que la pédagogie moderne ne doit pas être confiée ni à l’Etat, ni à un organisme officiel qui restent, et l’un et l’autre, un soutien inconditionnel aux privilèges, qui éditent des lois injustes et qui consacrent l’exploitation de l’homme par l’homme.

FERRER en veut pour preuve l’état physique dans lequel se trouve la majorité des élèves : crasse, maladies, manque total d’hygiène, autant de signes qui entretiennent un peuple dans un état de dépendance et de faiblesse.

Aussi, va-t-il faire porter ses efforts sur l’hygiène à partir de principes qui nous semblent évidents aujourd’hui. La salubrité des édifices scolaires devient une priorité. La prévention des maladies sera réalisée par la visite d’un médecin scolaire qui déterminera si un enfant peut venir à l’école sans risquer de contaminer ses camarades. Ce médecin devra constater régulièrement si l’enfant se développe normalement et en informera les familles. On développera l’éducation physique et sportive en fonction des capacités de chaque enfant. Mais, pour que tous ces efforts portent leurs fruits, les enfants eux-mêmes feront l’objet de cours d’éducation sanitaire. Ces idées nous emblent bien banales aujourd’hui mais, dans l’Espagne d’alors, elles étaient particulièrement novatrices et salutaires.

Les bases de la devise « mens sana in corpore sano » étant posées, il devient alors possible de passer à la pédagogie proprement dite.

Toute éducation passe par le jeu. Qu’il soit physique ou intellectuel, celui-ci permet à l’enfant de manifester ses désirs et de s’y confronter. Il appartient à l’éducateur de bien diriger le jeu et à l’enfant d’y être attentif. C’est alors, selon FERRER, que la conception religieuse affirmant que la vie est une croix à porter disparaît au profit de celle que la vie mérite d’être vécue et qu’il faut savoir en jouir. Libéré de ce poids, l’enfant peut se livrer à ses jeux en toute sécurité, permettant ainsi à l’éducateur qui l’observe de mieux connaître son caractère et de bien le diriger dans la vie. « L’enfant joue à l’adulte, et quand il arrive à l’âge viril, il fait avec sérieux ce qui, enfant, l’amusait. »(page 63).

FERRER ajoute que « c’est par le jeu que l’on peut orienter l’enfant à la pratique de la tolérance et de la solidarité et lui faire prendre conscience que si cela sert aux autres, cela bénéficie aussi à celui qui l’applique. »

Mais pour faire une école, il faut des Maîtres !

Où les trouver ?

FERRER s’est tout de suite posé cette question lorsqu’il écrivit : « Une autre difficulté s’est présentée avec la recherche du personnel. Pour utile que soi tla mise en œuvre de nouveaux programmes au service d’une éducation rationnelle, il fallait des gens capable de les mettre en œuvre. L’expérience me démontra que ces gens là n’existaient pas. »

Il y avait bien des professeurs en Espagne, mais ils étaient tous sous la domination de ce qu’on appellerait aujourd’hui les « mandarins ».Quant à ceux qui auraient pu remplir cette tâche, il s’agissait plus d’anti-cléricaux inspirés par la libre pensée qu’inspirés par le rationalisme. Conscient de ce problème, FERRER crée l’Ecole normale rationaliste qu’il place sous la direction de maîtres expérimentés et de professeurs issus de l’Ecole Moderne.

Qu’enseigne t-on dans cette Ecole normale ?

On y apprend que l’instruction commence quand l’enfant le demande. C'est-à-dire qu’on se pose la question de savoir si les enfants et le professeur ont le même désir de faire la même chose à la même heure, ce qui est requis à l’époque, par les instructions officielles. FERRER pense qu’il est plus utile de laisser à l’éducateur l’initiative et la liberté d’organiser son enseignement en fonction du goût et des disponibilités de ses élèves. Il ajoute qu’il est stupide de « donner la même ration pour tous les estomacs, d’avoir les mêmes exigences pour toutes les intelligences et de proposer à tous les mêmes études et le même travail. » Il propose de suivre la nature de l’enfant pour commettre moins d’erreurs. Dans l’ouvrage cité plus haut, il se livre à une comparaison naturaliste (page 63) : « Dans chaque œuf, il y a un germe : selon sa nature, il ne demande qu’à éclore ; mais il ne le fera que s’il est couvé convenablement. »

Les maîtres étant formés, deux solutions s’offrent alors à FERRER.

La première consiste à étudier les comportements psychologiques et physiologiques de l’enfant afin de prouver scientifiquement que l’organisation actuelle de l’éducation est mauvaise.

La seconde est de créer immédiatement des écoles où on appliquera directement les principes de l’Ecole Moderne.

Bien évidemment, FERRER opte pour la seconde solution car, dit-il, on peut réfléchir longtemps à la nature même de l’enfant, mais pendant ce temps là on n’entreprendra rien et les choses ne pourront évoluer. FERRER n’ignore rien des difficultés d’une telle entreprise, mais il est convaincu qu’il sera aidé par tous ceux qui luttent activement à l’émancipation des hommes dans la société de l’époque.

Pour ce faire, FERRER affirme qu’à l’Ecole Moderne, il ne faut ni récompenses ni punitions. En effet, le sens de l’égalité et le brassage des couches sociales qu’il défend, ainsi que la mixité des sexes supposent qu’aucun élève ne puisse s’enorgueillir ou se sentir coupable d’une note excellente ou trop faible. Sans nier l’utilité des examens et des concours, FERRER pense que l’objectif de l’école n’est pas de décréter les aptitudes ou les insuffisances de tel ou tel enfant mais de faire en sorte que ces derniers puissent aller à leur rythme et sortir de l’école pour entrer dans la vie active avec les aptitudes nécessaires pour être leur propre maître et leur propre guide.

Pour arriver à une telle formation, il est nécessaire d’avoir des manuels qui respectent la laïcité et exposent les grands principes de Liberté, de Fraternité et d’Egalité. Peu d’ouvrages existent en ces domaines. Jean GRAVE (1854-1939. Anarchiste français, compagnon d’Elisée RECLUS) édite en 1901, à Paris, « les aventures de Nono », sorte de poème qui compare les délices de la société future aux dures réalités de la société de l’époque. Le texte vante les mérites et les douceurs du pays de « l’autonomie ». Œuvre d’une telle qualité que les censeurs n’ont jamais lui reprocher quoi que ce soit. Ce livre aura un immense succès au sein de l’Ecole Moderne et sera à l’origine de plusieurs publications ultérieures.

FERRER est lui-même l’auteur de nombreux articles publiés dans le bulletin de l’Ecole Moderne. L’un d’entre eux fait le point entre « laïcité et rationalisme ».

FERRER se réfère à l’expérience française de l’école et montre les ambiguïtés qu’il y a à définir l’école laïque par rapport à l’école libre, école officielle de l’Espagne de l’époque, puisqu’en réalité aucune des deux n’est totalement neutre. Cela étant, il pense quand même que l’école rationaliste peut persuader les futurs hommes et femmes de la société qu’en n’espérant rien des privilèges, on peut alors croire en soi-même et en la solidarité librement acceptée.

Cependant, tous ces efforts sont encore incomplets pour FERRER. Il tient à réaliser une autre expérience chère à ses vœux et sans laquelle l’Ecole Moderne serait incomplète : il veut ouvrir son école aux adultes, tant le soir que la journée. Pour cela, il inaugure le 15 décembre 1901, un cycle de conférences publiques et dominicales – mais le dimanche, c’est le jour de la messe - où l’on parlera, certes de pédagogie, mais dont le caractère dominant sera l’éducation des masses. On retrouve là son esprit provocateur et son souci de faire, dans le cadre de l’école moderne, œuvre d’instruction plus généralisée. On peut parler ici d’éducation populaire continue avant l’heure. FERRER part du principe que l’on ne changera pas l’école de demain si on ne change pas les hommes d’aujourd’hui qui l’ont en responsabilité et qui doivent construire celle de l’avenir. Pour ces conférences, FERRER s’adjoindra des personnalités extérieures à l’école qui reprendront les grands thèmes qu’il développait à l’usage des enfants. Ces conférences, s’ajoutant aux trois années d’études de formation, devaient consacrer le succès de l’Ecole Moderne.

Par ces idées généreuses, réalistes et parfois provocatrices, mais ô combien modernes et d’actualité, FERRER ne pouvait que s’attirer le mécontentement et la colère des autorités qui voyaient en son œuvre ce qu’elles redoutaient le plus : l’autonomie et la capacité d’analyse données à ceux que la monarchie maintenait en l’état de parfaite ignorance.

Mais FERRER ne s’était-il pas défait de cette prudence dont nous parlions au début de ce texte, lorsqu’il écrivit le 1er mai 1909 dans la prison modèle de Madrid : « L’Ecole Moderne prétend combattre les préjugés qui mettent en difficulté l’émancipation et leur préfère le rationalisme humanitaire qui consiste à inculquer dès l’enfance le désir de connaître l’origine de toutes les injustices sociales afin que, les ayant dépistées, il soit possible de les combattre et de s’opposer à elles. »

L’enseignement rationaliste et scientifique de l’Ecole Moderne avait pour but, comme on le voit, l’étude de ce qui est favorable à la liberté de l’individu et à l’harmonie de la collectivité, grâce à un régime de paix, d’amour et de bien être pour tous sans distinction de classes ni de sexes.

FERRER paiera de sa vie ces propositions progressistes qui se proposaient de sortit l’Espagne de l’obscurantisme moyenâgeux où elle se trouvait.

FERRER mérite non seulement qu’on retienne son nom, tant pour l’œuvre que pour l’homme, mais aussi qu’on le classe au rang des plus grands pédagogues du monde. Sans doute fut-il influencé parce qu’il avait découvert en France : les lois de 1882 et 1883, sans omettre la loi du 9 décembre 1905 complétée par celles de 1907.

Presque cent ans après sa mort odieuse et condamnée dans l’Europe entière, FERRER est vivant !

Dans la dédicace du livre de Sol FERRER, sa fille, «  La vie et l’œuvre de Francisco FERRER », Albert CAMUS disait :

« Francisco FERRER pensait que nul n’est méchant volontairement et que tout le mal qui est dans le monde vient de l’ignorance. C’est pourquoi les ignorants l’ont assassiné et l’ignorance criminelle se perpétue encore aujourd’hui à travers de nouvelles et inlassables inquisitions. En face d’elles, pourtant quelques victimes, dont FERRER, seront toujours vivantes. »

Michel FOUCHARD Le 8 octobre 2008