La question est posée. La santé coûte cher. Et cela ne va s'arranger puisque, et c'est une bonne nouvelle, nous allons vivre de plus en plus vieux. Mais comment ? L'enjeu économique est important et tout dirigeant doit se poser la question de savoir jusqu'où il peut aller dans les dépenses publiques de santé. Il doit aussi se poser la question de l'efficience et de l'efficacité du système. Pour ce faire, l'enjeu politique est prégnant. Les vieux votent aussi et, ce n'est pas négligeable, notre génération du baby boom est celle qui détient aujourd'hui une grande partie de la masse financière. Les publicitaires et les industriels ne s'y trompent pas. Mais vivre vieux doit aussi être "vivre bien" ou, du moins, le mieux possible. Sauf à dire qu'à partir d'un certain âge, on ne soignera plus les trop vieux trop malades (il y a déjà des cas où des médecins conseils se sont alarmés auprès de praticiens prescripteurs parce que le produit ordonné semblait bien cher dans le rapport prix et espérance de vie !). On peut aussi, suivant une boutade connue, dire qu'il faut supprimer l'hôpital puisque c'est l'endroit où on meurt le plus ! Moi, à mon âge, qui n'est pas encore canonique, j'ai été très heureux (et le mot est faible) d'avoir été accueilli en urgence pour un AVC et bénéficié de tous les soins et attentions d'un personnel hautement qualifié, attentif et chaleureux. Et pourtant, j'ai coûté cher. Mais le coût n'aurait-il pas été plus élevé si j'étais ressorti avec des séquelles exigeant des traitements longs et onéreux ? Bien sûr, l'une des solutions consistait à ne rien faire et de terminer dans un mouroir ! L'hôpital public doit avoir un manager, mais un manager, sans doute conscient de l'ordonnancement de la dépense publique, mais plus encore sachant s'entourer des avis autorisés de ceux qui ont acquis après de longues recherches les savoirs scientifiques indispensables au bien être des souffrants. J'ai pour ces professionnels une reconnaissance forte et une admiration sans borne pour leur dévouement au service de ceux qui confient leur vie, leur survie parfois, en toute confiance. La médecine ne doit pas, ne peut pas être un enjeu économique. Elle reste un engagement éthique. Combien de professions ont pour devise "Non nocere" ? Une politique de santé au service de la politique de la cité, quel beau projet. La loi actuelle qui en cours de discussion ne semble pas, à mon regret, avoir posé l'éthique comme premier principe.