Le "Parisien" du vendredi 22 mai 2009, nous apprend en page 8 (une pleine page sous le titre : "Les élèves pourraient être fouillés") que le ministère de l'éducation nationale envisage que "les personnels administratifs-mais pas les enseignants-doivent avoir le droit de faire ouvrir le cartable ou de fouiller l'élève qu'ils suspectent de vouloir introduire des armes. Seuls les proviseurs, les principaux, leurs adjoints et les conseillers d'éducation seraient autorisés à la faire. Ils auraient un statut d'officier de police judiciaire." (fin de citation). Je comprends tout à fait la légitime revendication de l'ensemble des personnels à pouvoir exercer leur métier dans des conditions de sécurité et de paix. Je condamne solennellement les violences faites aux personnels, mais aussi aux jeunes eux-mêmes, et je suis de ceux qui pensent que les actes contraires à la loi et exactions de tout genre doivent être punis et faire l'objet des poursuites pénales prévues par le code. MAIS, à chacun son métier ! Officier de police judiciaire est un métier et l'obtention de ce qu'on appelle dans les écoles de police "le bloc OPJ" n'est pas un gadget. Tous les officiers et agents ne sont pas nécessairement OPJ à l'issue de leur formation ce qui témoigne du sérieux de ces écoles. D'autre part, la formation initiale et continue des personnels de direction et des conseillers principaux d'éducation ne les prédestine pas, dans l'état actuel du niveau de formation, à maîtriser cette spécificité juridique qui fait d'un OPJ un professionnel de la loi. Enfin, "suspecter un élève de vouloir introduire des armes" est une expression qui laisse la porte ouverte à tous les fantasmes et risques de dérapages. Si l'école en est là, la vraie question à se poser n'est pas celle de savoir s'il faut ou non des forces de police parallèle dans les établissements scolaires, mais bien de se demander pourquoi on en est arrivé là. Je suis contre toutes les milices, toutes les formes de police non formées ou mal formées. Je suis pour que la police puisse faire son travail (et elle le fait bien) dans le respect qui lui est dû et dans le cadre contrôlé par la République. Autre question : quid des décisions d'engagement de ces forces "spéciales" ? Qui du recteur d'académie ou du Préfet aura en charge la responsabilité de l'engagement de ces forces particulières ? Quid des erreurs ? Des adjoints de sécurité sont-ils en mesure de répondre à ces attentes ? "Constater un délit, opérer des fouilles, confisquer des armes" suppose une formation pointue et des aptitudes qui sont normalement certifiées par des concours sérieux délivrés par le ministère de l'intérieur. Accepter une telle proposition, c'est délibérément remettre en question l'action et les compétences de la police à qui, constitutionnellement, est confié l'ordre public. C'est aussi, et cela me semble grave, laisser entendre que la police nationale serait peu efficiente lorsqu'elle est sollicitée. Enfin, au-delà de toutes ces considérations qu'il faudra bien prendre en compte, rappelons ici que les OPJ sont hiérarchiquement placés sous l'autorité du procureur de la République. Belles batailles de procédure en perspective ! Et, bon courage aux chefs d'établissement qui, outre leur position déjà schizophrénique (placés entre Etat et collectivités territoriales) en ajouteraient une troisième : le Procureur de la République.