Le moment est bien choisi par le gouvernement pour lancer un gros pavé dans la mare. Faut-il repousser l’âge légal de la retraite ? D’après le ministre du travail, il n’existe que 3 solution : diminuer le montant des pensions, augmenter la durée des cotisations, repousser l’âge légal de la retraite. Le cadre est fixé ! Et l’une des justifications donnée hier soir par ce même ministre est de dire que d’autres l’ont déjà fait. Autre argument fort, les hommes et les femmes vont vivre plus longtemps. Mieux ? Là n’est pas la question. On peut d’ailleurs se demander dans quel état physique et moral se trouveront des pompiers de 67 ans après plus ou moins 47 annuités de « montée au feu », des médecins de 70 ans (puisque le buttoir de l’activité professionnelle aura sauté), de travailleurs du bâtiment au bout de 42 annuités de marteau piqueur en hiver comme en été… La liste n’est pas exhaustive. Mais on va me dire que tout cela est polémique et politicien. Pourtant, des propositions existent, propositions qui devraient satisfaire nos penseurs du gouvernement. La première, c’est de remettre au travail les enfants à partir de 14 ans, pourquoi pas d’ailleurs de 12 ans ? C’était bien comme cela que notre société fonctionnait au 19ème siècle. Lors de cette époque bénie, pas question de retraites, de congés payés, de protection sociale, de congés de maladie, pas de trou de la sécurité sociale…Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. La question est alors réglée : on commence à travailler très tôt et il n’y a pas de fin à cette période… Le hic, c’est qu’aujourd’hui, on va à l’école de plus en plus tard (environ 19 ans) et qu’on sait un peu plus qu’aux siècles précédents. Le contre-hic, c’est que plus on fait des études, plus on devra travailler tard pour avoir, un jour peut-être, de quoi vivre décemment sa fin de vie…car il s’agira bien d’une fin de vie. Usés, fatigués et peut-être un peu malades ( !), abandonnés par tous (car ceux qui pourraient faire quelque chose seront eux-mêmes préoccupés par leur propre sort), il ne nous restera plus qu’à attendre la mort le plus discrètement possible pour ne pas coûter et, surtout, ne pas risquer d’éveiller les dernières mauvaises consciences. Je suggère qu’on rouvre les léproseries. C’est tout avantage ! Pas de personnel, des hauts murs et la charité publique pour survivre. Mais avant d’en arriver là, je propose à ceux qui tiennent pour le retour à un passé révolu de sortir de leurs bureaux feutrés et d’essayer, juste 6 mois, de vivre le quotidien d’un français au SMIC ou au RSA. Après, s’ils persistent, alors, à défaut d’avoir raison, ils auront au moins gagné une légitimité à parler. La France, pays qui fut en avance sur tous les autres dans le domaine social, est en train d’abandonner ses valeurs et de faire table rase des acquis durement payés par les luttes qui ont émaillé son histoire. Messieurs qu’ l’on « nomme grands » comme le disait Boris Vian, faire de la politique, ce n’est pas gérer à la petite semaine, c’est, au sens étymologique du terme, s’occuper de la cité et de ceux qui la composent. C’est aussi se préoccuper du bien être et du mieux être des citoyens, c’est savoir faire des choix même quand la situation économique n’est pas bonne. Ce n’est pas en s’alignant sur les pays qui méprisent les droits et les avantages sociaux, même au nom de la compétitivité, que l’humanité progresse. Oui, on peut laisser le choix à ceux qui veulent et/ou qui peuvent travailler plus longtemps (c’est en effet asse stupide de dire à quelqu’un qui se sent bien et qui continue à progresser de partir alors qu’il peut rendre encore de bons services), mais la contre partie exige que ceux qui n’en peuvent plus, qui sont épuisés ou malade de pouvoir se retirer avec dignité et de quoi vivre honnêtement. Est-il acceptable de laisser dans notre pays des milliers d’hommes et de femmes en dessous du niveau de pauvreté les contraignant ainsi à les pousser jusque dans leurs dernières limites et dans leurs dernières forces.