On atteint là des hauteurs d'escroquerie, le nec plus ultra de la malhonnêteté ! Une compagnie aérienne anglaise vient de proposer à ses salariés, d'après les informations télévisées, de travailler gratuitement pendant une semaine ou un mois pour renflouer l'entreprise ! Le chef de l'entreprise en question se proposait pour abandonner aussi un mois de salaire : mais quand on gagne 900 000 euros par an, il me semble que c'est bien différent que si, dans le meilleur des cas, on ne touche que 12 000 euros.Ce n'est plus de l'indécence, c'est du mépris. Je disais dans un précédent article qu'on revenait aux bonnes vieilles techniques du 19ème siècle : je ne pensais pas, hélas, avoir raison aussi vite. En France, on sait ce qu'il en advint. D'abord on augmente le temps de travail sans gagner plus, puis on passe au chômage technique pour enfin fermer les sites et délocaliser. J'ai eu dans ma famille quelqu'un qui a joué le jeu, pour conserver son emploi et aider l'entreprise, d'accepter de travailler sans être payé. Cela s'est terminé par un licenciement dit "économique", mais ce n'est pas tout. Comme cette personne et ses collègues de travail n'avaient pas été payés, l'entreprise a estimé ne pas devoir assumer les charges sociales ni de cotiser pour la retraite et tous ces gens là se sont retrouvés sans rien. J'ai appris à l'école de la République que "toute peine mérite salaire". Ces belles sentences ne sont plus aujourd'hui que du vent et seuls quelques uns tirent les marrons du feu en s'expatriant et en faisant travailler pour des salaires de misère les nouveaux "prolétaires" des pays dits émergents. Hier soir, sur une chaîne de télévision, une très belle émission était consacrée aux entreprises du nord. Le décalage entre le "grand patron" qui parlait et la réalité du monde ouvrier était affligeant et scandaleux. On vantait les "valeurs" du paternalisme en regrettant cette période bénie où les ouvriers étaient sous la coupe des patrons de l'époque. Attention danger ! Des citoyens qui ne votent plus, des citoyens qui se sentent de plus en plus exclus et méprisés, quelques grandes familles qui affichent pour le reste du peuple une condescendance insultante, un discours politique incohérent et qui devient de plus en plus inaudible, des sportifs qui ne font plus rêver mais dont on jalouse les salaires mirifiques, des paysans qui crèvent en produisant à perte, des Hauts Fonctionnaires et des élus qui cumulent les indemnités, tout cela pourrait bien se traduire dans un avenir proche, non par une révolution, mais des révoltes qui feront le lit des extrêmes en tout genre. Le populisme a toujours gagné quand le pain et le bien être étaient réservés à quelques nantis.