Le palais des grands rois et ... la garde républicaine ! Les tambours roulent et le Président de l'Assemblée Nationale remonte lentement entre les troupes héritières de la garde nationale. Les parlementaires tous (ou presque) réunis en congrès dans ce lieu hautement symbolique voulu par le roi soleil tant il se méfiait des parisiens. Il est vrai qu'il gardait un mauvais souvenir de la Fronde où les grands de l'époque avaient tiré au canon sur Paris du haut des tours de la Bastille. Puis c'est au tour du Président de la République d'emprunter la même allée et de monter à la tribune devant un hémicycle debout sous les applaudissements. Il ne serait jamais venu à l'esprit (il y en avait encore à cette époque là) des Grands de la monarchie d'applaudir le roi ! Mais nous sommes, paraît-il, en république ! On a qualifié "d'historique" l'événement d'hier. Si on considère que la journée d'hier marque la fin de la Constitution voulue par le Général de Gaulle séparant l'exécutif du législatif, que le Premier Ministre est relégué au plan d'un simple conseiller, que l'ensemble du gouvernement est placé dans une position d'auditeurs respectueux, alors oui, l'événement peut être qualifié d'historique. Si on ajoute à cela que le Président de la République adresse aux parlementaires non un message sur l'état de la France, ni un projet global pour le pays (que sont devenues, qu'on les partage ou non, les visions gaulliennes et mittérrandiennes qui donnaient du sens aux légitimes ambitions de notre pays), mais une feuille de route destinée à des exécutants sans pour autant expliciter comment on allait s'y prendre, alors oui, l'événement est historique puisqu'il annonce à court ou moyen terme la naissance de la 6ème république, celle où le Prince gouverne et où le gouvernement applique les décisions du Prince. Dans ce cas, le solennel s'impose, mais alors ne fallait-il pas aller à Saint-Cloud plutôt qu'à Versailles ? Le "parti" de l'Elysée a tranché, ce sera donc Versailles. Attendons le mois de décembre pour voir la suite ! Je ne rentrerai pas dans la stérile ,polémique du coût du congrès. En revanche, à ce moment précis où la télévision nous montrait la voiture présidentielle suivie par une véritable caravane de véhicules de l'état pour ramener les conseillers à Paris levant la poussière des allées du château, après nous avoir dit que l'Etat devait savoir se restreindre, les pouvoirs publics annonçaient que les SMICARDS devraient se contenter d'une hausse de 11 centimes de l'heure. Pour mémoire, lorsque le roi Louis XVI convoqua les états généraux compte tenu de l'état du royaume en période de grave crise financière, il fit savoir que lui et lui seul déciderait de ce qu'il conviendrait de faire. Qu'annonça-t-il ? " Les droits à restituer à la nation de consentir l'impôt, la périodicité des réunions des états, l'établissement du budget, la fin de l'arbitraire des ministères en matière de dépenses, le respect des libertés individuelles, l'égalité de tous devant l'impôt". Ce n'était pas à l'ordre du jour à l'époque (et pour cause), mais si on ajoute "la burka" et l'indemnisation des chômeurs, quid novi sub sole ? Pour mémoire



__« De par le Roi,

        Notre aimé et féal.
Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour Nous aider à surmonter toutes les difficultés où Nous Nous trouvons relativement à  l'état de Nos finances, et pour établir, suivant nos vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de Notre royaume. Ces grands motifs Nous ont déterminé à convoquer l'Assemblée des États de toutes les provinces de notre obéissance, tant pour Nous conseiller et Nous assister dans toutes les choses qui seront mises sous nos yeux, que pour Nous faire connaître les souhaits et doléances de nos peuples, de manière que par une mutuelle confiance et par un amour réciproque entre le souverain et ses sujets, il soit apporté le plus promptement possible un remède efficace aux maux de l'État, que les abus de tous genre soient réformés et prévenus par de bons et solides moyens qui assurent la félicité publique et qui nous rendent à Nous particulièrement, le calme et la tranquillité dont Nous sommes privés depuis si longtemps.
   Donné à Versailles, le 14 janvier 1789. »  Louis le XVIème.__