Mon père me racontait souvent cette petite histoire :" Un paysan avait un âne qui, disait-il, lui coûtait trop cher. Alors, il prit une décision drastique. Il se mit à lui réduire son picotin et sa ration d'eau un peu tous les jours. Et savez-vous ce qui arriva ? L'âne creva. C'est dommage, pensa le paysan, il est mort juste au moment où il commençait à s'habituer !" Monsieur le ministre de l'éducation nationale, 16000 postes à nouveau supprimés, et bientôt le système crèvera. Alors, ayez le courage d'annoncer que le service public d'éducation coûte trop cher et privatisez-le tout de suite. Au moins, cela aura l'avantage de mettre en exergue une valeur qu'on enseignait autrefois du temps de Jules FERRY (Vous savez, cet ancien ministre de l'instruction publique dont le Président de la République a rappelé le nom lors de son discours à Versailles ?) et cette valeur c'est l'honnêteté. Les économies sont nécessaires, j'en suis bien convaincu, mais profiter des erreurs du passé est encore plus salutaire. La réforme des études médicales initiée après 1968 aboutit aujourd'hui à un néo-colonialisme en employant dans nos hôpitaux des médecins étrangers, tout à fait compétents, mais que l'administration française paye avec un lance-pierres. Je ne suis pas de ceux qui crient sans arrêt et sans regarder l'efficience du système qu'il faut encore et encore plus des moyens. Mais, il arrive un moment où des formations accélérées, des mises en situation sans préparation sérieuse a un coût qui se répercute sur l'avenir de la jeunesse dont tout le monde se plaît à dire qu'elle est l'avenir de notre pays. Un vieux pédagogue oublié disait qu'une nation a l'école qu'elle mérite. Il ne suffit pas de signer des conventions partenariales avec des grandes sociétés ou des fondations dont je ne remets pas en cause l'intérêt désintéressé (?), mais dans cette période de récession, il est évident qu'avant de réduire les personnels de l'entreprise, ce sont les fonds "annexes" qui seront supprimés. Et on fait quoi, alors, ce jour là ? Dans le landerneau politico-médiatique, il est de bon ton de clamer que le niveau de nos élèves baisse considérablement. De deux choses l'une : ou bien le vieil adage populaire rappelant "qu'il n'y a pas de mauvais élèves, mais seulement de mauvais maîtres" est vrai, auquel cas il faut avoir le courage de le dire et réformer l'ensemble du système et notamment la formation (mais ça coûte cher...), ou bien c'est faux et ce sont peut être les conditions d'exercice du métier (incivilités, agressions, sécurité si chères à notre Président de la République) qu'il faut modifier. Enfin, monsieur le ministre, quand on paye un professeur certifié 1200 euros par mois au début de sa carrière après 4 ans d'études et un concours difficile pour qu'il parvienne à 1650 euros mensuels, au 5ème échelon de sa carrière, soit environ 6 ans plus tard, il ne faut pas s'étonner que l'enthousiasme du métier s'effrite petit à petit. Continuons ainsi, et nous n'aurons plus les meilleurs, les convaincus de la noblesse du beau métier d'éducateur, mais des gens qui ne chercheront qu'un salaire d'appoint pour ne pas crever de faim.