Publié en septembre 2008, le beau roman de monsieur Charles Lewinsky, "MELNITZ" doit être lu. Saga familiale qui s'étend de 1871 à 1945, ce beau livre montre toute l'ambiguïté de la Suisse à l'égard des juifs. C'est l'ancêtre, l'oncle Melnitz, qui revient régulièrement d'entre les morts, qui parle alors qu'on ne l'attend pas. Je cite : "Pourquoi donc devraient-ils nous oublier ? Ils n'oublient jamais rien. Plus c'est absurde, mieux ils s'en souviennent. Ils se souviennent qu'avant "Pessah", nous égorgeons des petits enfants et faisons cuire leur sang dans la pâte des "matze". Cela n'est jamais arrivé, mais cinq cents ans plus tard, ils sont capables de raconter la scène comme si ils l'avaient vue de leurs yeux. Comment nous avons attiré le petit garçon loin de ses parents, en lui promettant des cadeaux ou bien du chocolat, bien longtemps avant l'existence du chocolat. Ils savent, dans les moindres détails. (...) Nous n'ignorons pas que tout cela est faux, mais pour autant ils ne cessent de le croire. (...) Ils sont capables de citer des passages du Talmud qui ne s'y trouvent pas et que pourtant ils ont tous lu. Ils savent par coeur des préceptes de notre Loi qui n'ont jamais existé, les connaissent mieux que les leurs propres. Oublier ? Vous croyez vraiment qu'ils oublient quelque chose ?" (pages 91 et 92). Ce livre nous rappelle avec force et vigueur que nous devons rester vigilants alors que tous les vieux démons ne demandent qu'à resurgir, qu'en cas de crise aigüe nous serons toujours le "juif d'un autre", "l'arabe perfide", celui qui tue et est responsable des difficultés et d'un climat de peur savamment entretenu.