Par "Le Figaro.fr" j'apprends que les ministres de l'éducation nationale et de l'intérieur inaugurent ce matin " le lancement des brigades de sécurité scolaire". Il va donc falloir maintenant être vigilant aux excès de droit, aux intimidations et aux dérives possibles que ces nouveaux personnels recrutés pour " pas cher" (en tous les cas, bien moins onéreux que de conserver des postes de gens compétents et formés). Si l'article cité dit la réalité des faits, il est quand même un peu curieux qu'un commissaire de police soit placé auprès du recteur pour procéder au recrutement des nouveaux et sans doute zélés cowboy académiques. Si j'étais le commissaire, je m'inquiéterais de mon positionnement et, si j'étais recteur, je me demanderais à qui je dois dès lors rendre compte, à quels ministres ? Le mélange des genres n'est jamais bon, celui des autorités non plus car les conflits d'intérêts ne manquent pas de survenir. Question de droit dans laquelle les futurs défenseurs de ceux qui se seront fait prendre ne manqueront pas de s'engouffrer : quelle autorité et quel statut autorisaient monsieur X, "ancien policier" ou "CPE" ou "gendarme auxiliaire détaché" à ceinturer monsieur Y, à le fouiller et à lui saisir l'arme blanche dont il disposait au sein de l'établissement scolaire ? L'intention était louable mais, le futur avocat ne manquera pas de souligner devant le tribunal que le respect de la loi et celui de la sécurité restent constitutionnellement de l'autorité de la police nationale. Beaux débats en perspectives qui auront pour conclusion, n'en doutons pas, la relaxe de voyous patentés au bénéfice de l'erreur de droit et d'un abus de pouvoir caractérisé. L'article du"Figaro" laisse entendre que la police serait impuissante (citation : "contrairement à l'équipe de police qui constate les infractions et repart, l'équipe mobile de sécurité peut rester sur place, rassurer les équipes, prévenir les problèmes." Si c'est là l'image perçue de l'action de la police nationale par le ministère de l'éducation nationale, alors autant mettre fin à toutes les conventions signées depuis des années (la première en 1992 dans une académie pilote qui fait la une aujourd'hui à propos de la rémunération des élèves à condition qu'ils acceptent de venir en classe...!) Mais cette mise en place de ces équipes "commando" ne s'arrête pas là. Elles seront placées prioritairement dans des lycées choisis pour leur proximité avec des cités sensibles. Si j'étais le proviseur d'un tel lycée, loin de me sentir rassuré, je serais très inquiet pour mon lycée, pour ma famille et pour moi-même. L'établissement va devenir une cible privilégiée et à moins de le transformer en camp retranché (c'est malheureusement le cas de certains établissement de la Seine-Saint-Denis), l'ambiance et l'environnement vont devenir très vite irrespirables pour tous y compris pour ceux qu'on voulait protéger. Et là, il faudra faire appel à la police pour sauver la situation : cela ne se fera certainement pas sans heurts et ce sera l'occasion pour certains de clamer haut et fort que la police est violente et a bien du mal à gérer des situations de crise dans les établissements scolaires, etc.,etc. Enfin, quand je lis dans ce même quotidien que l'un des membres de ces brigades déclare :" On peut envisager des réorientations, des transferts d'établissement, un soutien scolaire accru et personnalisé. NOUS AVONS CARTE BLANCHE", j'en frémis. Voilà que ces équipes deviennent omniscientes et ont tout pouvoir. C'est là un nouveau statut des établissements scolaires au mépris des décrets (notamment celui du30 août 1985 modifié) : à quoi servent donc dès lors les recteurs, les inspecteurs d'académie, les chefs d'établissement puisque ces nouvelles brigades martiales ont CARTE BLANCHE. Pour mémoire, si cela intéresse encore quelqu'un, seuls les conseils de classe placés sous l'autorité du chef d'établissement sont habilités à proposer des réorientations et seuls les conseils de discipline placés sous la présidence du chef d'établissement ont autorité pour (doux euphémisme) procéder à des "transferts d'établissement".

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