C'est à peu près le niveau de langue de nos élèves à l'oral. Mauvais esprit ? Je ne le crois pas. Et pour cause, après bien des années passées je ne peux que constater le faible niveau de compréhension de nos jeunes en matière de langues étrangères. Il faut dire que l'on s'évertue à les dégouter de parler. Il est vrai, aussi, que les effectifs des classes de langues ne sont guère propices à de la conversation. Le Président de la République souhaite que "tous nos lycéens deviennent bilingues et, pour certains, trilingues" (voir l'article dans le point.fr du 13:10:2009) et il a raison. Mais, ce qu'il propose, est une véritable révolution de l'enseignement des langues. En ajoutant que "l'accent sera mis sur la pratique orale", c'est non seulement une révolution mais une véritable novation. Cela va avoir un coût et, si la réforme doit se faire à moyens constants, cela suppose une réorganisation complète des programmes et de l'organisation des cours. Il ne faut pas rêver, aucun enseignant n'est aujourd'hui en mesure de donner la parole et de la corriger à chacun des élèves d'un groupe classe de 30 élèves en une heure de temps. Il va donc falloir innover ! Et c'est possible. C'est possible, à condition que tous s'y mettent. Pourquoi ne pas envisager des cours de mathématiques en anglais, en espagnol... L'article 34 de loi d'orientation et de programme de 2005 permet toutes les audaces. Alors il faut oser, oser dire que l'enseignement des langues c'est avant tout être en mesure d'échanger dans une langue qui n'est pas la sienne, de se débrouiller dans un pays étranger et de se faire comprendre correctement. En 1962 et les années suivantes, j'ai eu le rare privilège d'avoir un professeur d'espagnol d'origine madrilène qui ne nous parlait qu'en espagnol. Déjà, il avait fait venir pendant plusieurs mois des natifs qui ne parlaient pas le français et qui nous "faisaient la conversation en classe". Déjà, il organisait des échanges pendant les grandes vacances avec des amis à lui à Madrid. Aujourd'hui, je maîtrise encore cette langue et, même si je fais quelques fautes, je peux vivre en immersion complète dans bien des pays hispanisants. Combien de nos élèves peuvent en dire autant après des années d'apprentissage ? Ah, au fait, une suggestion ! Quand nos petits bambins de CM1/CM2 ont pratiqué une langue pendant deux ans et que, dès leur entrée en 6ème, on repart à zéro comme si ils ne savaient rien, ne pensez-vous pas qu'il y a là un beau gâchis ? Autre chose : les voyages scolaires à l'étranger oui, mais pas 4 ou 5 jours qui osent se parer de la locution de "bain linguistique" ! L'Europe est ouverte, les programmes européens existent ; que ne les utilise-t-on pas à bon escient ? Oser commencer ! Et pour commencer, ce n'est pas difficile, il faut seulement commencer.