L'avenue des Champs-Elysées bloquées par la paysannerie, voilà qui fait tache dans le Paris des riches ! Mais que fait donc le ministre de l'Intérieur lui qui fustige la mollesse de la ville de Poitiers lors des dernières émeutes ? Mais peut-être est-il plus prudent qu'on ne le dit et que, cette fois, cette manifestation du désespoir fait craindre bien des débordements à venir. Quand la campagne se met en route pour la capitale, ce n'est jamais bon signe. Pour peu que l'hiver soit très rigoureux, pour peu qu'il faille acheter du blé à l'étranger, pour peu...Mais qui se souvient encore de l'été de I788 ? C'était juste avant 1789 ! Truisme ? Peut être, mais il y a 220 ans, la paysannerie excédée par un pouvoir ignorant l'épuisement du peuple et continuant à vivre à la cour comme si de rien n'était, se mobilisait autour des châteaux pour les piller : le peuple avait faim ! Le roi y laissa sa tête ainsi que bon nombre de ses courtisans. Tous les ingrédients sont réunis pour que ce qui n'est encore que du mécontentement se transforme en contestation violente. Ce n'est plus la rue qu'il faut craindre mais la campagne qui crève sous les charges et le mépris. Quand les paysans en sont réduits à vendre leur bétail pour payer les traites, le désespoir pointe son nez...Et quand on n'a plus rien à perdre, tout devient possible.