Avez-vous oublié, Frère Bertrand, ce que signifient ces trois termes ? Par la sagesse, l'homme devient libre et doit viser au nivellement des inégalités. Par la force, il est en mesure de règlementer avec discernement et avec fermeté et par la beauté, il impose ce qui "sauvera le monde". Mais ce n'est pas tout. L'homme juste n'est pas celui qui impose ses convictions, mais celui qui se reconnait à sa façon d'agir, toujours équitable et franche, à sa sincérité et à la sollicitude qu'il manifeste à ceux qui sont rejetés. Viendrait-il à l'idée d'un tel homme de limiter la hauteur des tours de Notre Dame parce qu'elle rappelle au peuple son attachement ancien à une culture millénaire ? La tour de vigie, le "minara", n'est rien de plus que la tour de l'église cathédrale. Faut-il en avoir peur et se poser la question de savoir si "on a besoin de cela pour prier ?" Je suis de ceux qui restent très attachés à la loi de 1905 et particulièrement à son article 2. N'allons pas, parce nous avons peur, relancer le vieux débat que les Viviani et autres politiques de l'époque alimentaient en confondant le sentiment antireligieux avec celui de l'anticléricalisme car, si nous l'acceptions, la belle idée de tolérance qui avait animé les "pères fondateurs" de la loi se transformerait bien vite en cauchemar. Nous ne sommes plus au siècle "où il fallait éteindre les étoiles qui brillent dans le ciel" ni même au temps où on proclamait à la tribune de l'Assemblée nationale "que nous avons montré au peuple que derrière les nuages, il n'y avait que des chimères", mais bien à celui de la Constitution de la Vème République, notamment en son article premier. Tant que l'illusion et les préjugés nous aveuglent, l'obscurité règne en nous et nous rend insensibles à la splendeur du vrai.