On va encore se congratuler, s'écouter parler, se complaire dans un discours de café du commerce, entendre des sociologues qui n'ont pas de solutions mais des constats à proposer pour dire combien il faut réformer le système éducatif et en faire un lieu d'apprentissage de la citoyenneté. J'en ai vu passer des ministres dans les fonctions que j'exerçais autrefois, je les ai entendu tenir des discours martiaux et combattifs pour lutter contre la violence à l'école...Cela a commencé avec le plan Lang-Quillès dans les années 90 et, depuis, le blabla n'a pas cessé. Monsieur le Ministre, faites comme l'un de vos prédécesseur osa le pratiquer : la visite surprise sans escorte, sans Préfet, sans journalistes dans un établissement où personne n'aura eu le temps de rédiger un discours convenu, où les équipes de nettoyage n'auront pas passé la nuit à tout briquer, où le chef d'établissement n'aura pas été l'objet de communications téléphoniques insistantes de la part du rectorat pour "faire en sorte que tout se passe bien" où, en bref, on ne vous attend pas. Pour ce faire, postez-vous pas trop loin de l'entrée de l'établissement à 7h45, juste avant l'entrée des élèves, puis entrez après eux et regardez dans la cour, dans les couloirs, dans les salles de classe, dans les toilettes ce qui se passe. Vous serez édifié ! Vous voulez des adresses ? J'en dispose de quelques unes qui pourraient vous intéresser et vous permettre de prendre la mesure de la grande misère sociale et professionnelle de certains de nos collèges et lycées, qu'ils soient professionnels ou non. Un exemple parmi d'autres : une jeune collègue de mes amies exerce dans l'un de ces établissements "réputés difficile". Son quotidien : pas de cahiers chez les élèves, l'insulte est permanente, le bruit quotidien et le niveau de savoir affligeant. Les dernières insultes en date : "grosse pute", je m'en bats les couilles, va te faire foutre, t'as une voiture ? Fais attention ! T'as de gros seins...". La réponse ? Bien sûr, on exclut, mais après avoir fait le tour des collèges du coin, retour à la case départ parce qu'il faut bien les mettre quelques part ces élèves "défavorisés". J'ai longuement travaillé sur la violence à l'école. Je ne suis pas de ceux qui disent qu'il faut encore plus de moyens, mais je crois que, dans certains endroits, alors oui, il faut des adultes et sans doute moins dans d'autres. Des réponses existent : les internats d'excellence en font partie tout comme les classes relais qui ont développées depuis quelques années. Mais les internats ordinaires manquent cruellement en France. Il y a là un effort tout particulier à faire car, et c'est une constante de l'éducation, lorsqu'on coupe les jeunes tentés par les déviances de leur milieu habituel, lorsqu'on sait les entourer avec respect mais aussi avec fermeté, alors la réussite est bien souvent au bout du chemin. Mais, pour cela, il faut des enseignants chevronnés et aguerris qui savent distancier les conflits et non pas de toutes jeunes ou jeunes professeures complètement démunies face à ce qu'on leur a appris pendant leurs études. Cela suppose aussi un investissement, et pas seulement en argent, mais aussi en compétences nouvelles, en respect et en considération des fonctions qu'ils exercent. Lire l'article du Figaro