Quand Heinrich Böll publie son roman en 1974, certes la situation sociale de l'Allemagne n'a rien à voir avec celle de la France d'aujourd'hui. Cependant, l'acharnement d'une certaine presse contre le ministre du travail remet en mémoire ces années noires où tout était possible pour détruire les réputations et mettre à bas l'honneur des citoyens. Il est vrai aussi que le gouvernement et le Président de la République sont bien longs à décider de ce qui pourrait calmer le jeu : la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire pluraliste et la nomination d'un juge pour suivre, au niveau de la justice, les péripéties de cette affaire. Nous franchissons en ce moment les limites du tolérable en matière de démocratie : le jeu est dangereux et pervers. Certains médias s'en donnent à coeur joie, ce n'est pas ainsi qu'on défend les valeurs républicaines. Prenons garde ! Demain, c'est tout un chacun qui peut voir sa vie détruite et son honneur perdu sur la seule foi d'allégations dont on ignore tout des raisons réelles pour lesquelles elles sont livrées brutalement sur la place publique. Je ne dis pas que tel ou tel est coupable ou innocent, je rappelle juste que la présomption d'innocence doit rester inaliénable en France.