Etymologiquement, le pédagogue est l'esclave chargé de conduire les enfants à l'école. Quant à la pédagogie, c'est l'éducation des enfants. Alors, quand on entend répéter en boucle ces deux termes par les ministres et autres politiques, non seulement on s'en lasse, mais en plus on se demande où sont les enfants ? Où est l'esclave ? Où est le Maître ? Nous prend-on pour des enfants qu'il convient de prendre par la main pour les conduire vers le savoir qui serait détenu par "l'oracle" siégeant dans les palais de la république ? J'ai fait autrefois partie de ces pédagogues qui avaient reçu pour mission de l'Etat d'instruire les enfants qui lui étaient confiés. Je n'ai jamais commencé un cours en affirmant "voilà la vérité !". Mon métier était exigence de l'écoute, de la bienveillance, de l'attention et du respect de la pensée des jeunes de mes classes. Sans doute, à un certain moment, il fallait bien affirmer ce que le savoir imposait. Mais je ne l'ai jamais fait en cassant toute discussion ni en humiliant mes élèves. C'est en affirmant qu'il n'y a pas d'autre issue possible que celle décidée, qu'en présentant une réforme comme bouclée sans laisser ni l'espace ni le temps pour échanger des points de vue, que le pouvoir s'est enfermé et retranché sur des positions qu'il pourrait bien ne pas pouvoir tenir. Lire l'article du Monde