Quand de Hauts fonctionnaires se réfugient derrière leur hiérarchie pour refuser de répondre à une convocation devant une commission parlementaire, on peut se demander ce qu'est devenue notre représentation nationale et de quel pouvoir les représentants du peuple disposent réellement. Devoir de réserve, certes ! Mais une commission sénatoriale est liée, elle aussi, au secret. Que les chefs du renseignement français soient entendus par le Sénat ne m'apparaît pas tomber sous le coup du "secret défense" puisqu'il ne s'agit aucunement d'évoquer une opération en cours ou susceptible de commencer. En revanche, savoir quelle politique du renseignement est pratiquée dans notre pays, connaître les moyens mis en oeuvre et, d'aventure, s'assurer que les lois de la république et les droits de l'homme n'ont pas été bafoués ne me semble pas relever du secret absolu. La question qui est peut être posée est celle de l'influence, de la pression et de la présence d'un ministre de l'Intérieur sur les lieux mêmes d'une intervention difficile à laquelle ont dû faire face des groupes d'intervention hautement qualifiés. L'usage veut que le politique laisse la main aux responsables de l'opération dès qu'elle a démarré. Le RAID a fait son travail, a utilisé les moyens en sa possession et nul ne peut lui faire de reproche pour cela. Mais a-t-il été entièrement libre d'agir comme il l'entendait et comme il a l'habitude de le faire. Ceux qui étaient sur le terrain n'ont aucun reproche à se faire. Ce n'est pas eux d'expliquer le déroulement d'une opération. C'est aux politiques qu'il appartient de dire si oui ou non ils ont influencé la police. Je ne pleure pas sur la fin d'un criminel, j'ai de la compassion pour les policiers bléssés et de l'admiration pour ceux qui, confrontés à la violence extrême, ont accompli leur devoir au risque de leur vie. Plût au ciel (comme disaient les Romains) que les blessés qu'ils ont eus dans leurs rangs ne l'aient point été à cause d'une précipitation politique. Lire l'article du Monde