Il y a quelques années, Claude Allègre, alors ministre, déclarait lors de l'inauguration de ce qui s'appelait l'Ecole Supérieure des Personnels du Ministère de l'Education Nationale (ESPEMEN) devenue aujourd'hui l'ESEN (Ecole Supérieure de l'Education Nationale) qu'il y avait en France deux types de recrutements pour les enseignants : l'escalier et l'ascenseur ! Les agrégés prenaient l'ascenseur et les autres (certifiés ou non) l'escalier. Ce mode de recrutement n'est pas incompatible avec le mérite si ce n'est que l'escalier est entrecoupé de tant de paliers qu'il devient illusoire pour un certifié d'accéder au grade d'agrégé quels que soient ses mérites. Certains voudraient qu'on en reste là ! J'ai connu, autrefois, les "castes" en établissements scolaires. Il y avait la salle des professeurs agrégés, celle de certifiés voire celle des adjoints d'enseignement... La répartition ségrégative était la même à la cantine. Le vieux débat consistant à opposer entre eux les agrégés par concours après être passés par une classe préparatoire, ceux venant directement de l'université, puis ceux nommés par concours interne et enfin ceux accédant par liste d'aptitude est déjà un déni de reconnaissance des compétences. Quand s'ajoute à cette ségrégation le fait de travailler moins que les autres (15 heures par semaines), d'être rémunérés plus chers et le refus d'enseigner ailleurs qu'au lycée, on comprend mal comment ces professeurs qui se disent les meilleurs, puissent refuser d'apporter leur savoir aux élèves qui en auraient le plus besoin. Cela ne s'arrête pas là : il y a même une sous classe dans ce corps illustre , celle des bi-admissibles à l'agrégation qu'un ancien recteur d'académie se plaisait à nommer "les bi-collés" ! Une réforme en profondeur du statut de 1950 s'impose d'urgence : Le concours détermine des capacités. L'exercice du métier révèle les compétences. Je crois effectivement aux concours, gages de l'égalité républicaine, mais je crois aussi à la formation continue et à la valorisation des acquis de l'expérience. Le ministère de l'Education nationale reste sur des vieilles lunes qui, à terme, le conduiront vers un échec retentissant. Enfin, la mastérisation introduit de fait un nivellement pour passer les concours : il faudra en tenir compte au risque de créer un mécontentement bien légitime. Lire l'article du Monde.fr