Que ce soit Marseille ou n'importe quelle autre ville, les cités ont évolué vers des zones de non-droit. Il est trop tard pour chercher qui est responsable de cette situation sinon de dire, toutes tendances politiques confondues, que les gouvernements successifs ont laissé faire et transféré aux maires des responsabilités qui relèvent du pouvoir régalien de l'Etat. C'est alors bien facile aujourd'hui de montrer du doigt telle ou telle ville où vivre normalement devient un pari fou. Les politiques sociales ont toujours relevé du gadget ; l'Etat s'est défaussé sur des associations qui font ce qu'elles peuvent sans jamais bénéficier d'un accompagnement réel des institutions de la république. Les logements sociaux sont abandonnés faute de moyen ; la police est contrainte d'observer, avec tous les risques que cela comporte, le va et vient des voyous et la prospérité de l'économie parallèle et souterraine. Les discours des politiques, ministres de l'Intérieur en tête, se sont soldés, soit par une valse des préfets, soit par un envoi ponctuel de policiers et de gendarmes qui, sitôt de nouveaux événements ailleurs, doivent partir pour éteindre les incendies dans d'autres cités. La réponse judiciaire fait ce qu'elle peut avec ce qu'elle a, c'est à dire, trop souvent, le classement des affaires faute d'un suivi efficace dû à l'engorgement dramatique des tribunaux. Les parents, toujours responsables (!) sont dépassés. Mais que faire dans une situation de chômage endémique, quand la seule personne à rapporter de l'argent est la fille ou le fils qui, dans le meilleur des cas ne fait qu'être guetteur ou, dans le pire, se prostitue ou participe activement aux divers trafics de la cité ? Aujourd'hui, on nous dit que les centres fermés ne servent à rien. Mais la prison, non plus ! Que faire ? Les peines sont inadaptées parce qu'elles sont la traduction d'une impuissance de notre société. Les caïds des banlieues roulent sur l'or et se moquent bien des injonctions, des rappels à la loi, voire de la "zonzon". Proposer à tous ces jeunes primo-délinquants de participer à la vie sociale serait une occasion unique de montrer que le travail pour les autres reste une composante essentielle du lien social. Les TIG sont faits pour cela. Encore faut-il prévoir un encadrement efficace avec un régime strict d'accompagnement. Il ne s'agit pas de réinventer les maisons d'éducation surveillée, il s'agit simplement d'organiser des activités utiles à la société. Cela a un coût : il est bien inférieur à celui que nous risquons de payer (ou que nous payons déjà) pour l'abandon de toute une frange de notre jeunesse. "Des anorexiques scolaires doublés d'illettrés sociaux", tels sont beaucoup de nos jeunes des banlieues. Le rappel à la loi ne sert à rien : ils ignorent la loi ! En ce domaine, l'école a failli. Il faut rattraper cela au plus vite.